Le haut débit en Afrique : les projets se multiplient

haut débit en AfriqueLes projets de connectivité haut débit en Afrique se multiplient.

Après le flux du développement des communications, notamment mobiles, en Afrique depuis 10 ans, il peut être constaté que les infrastructures d’interconnexion internationales, notamment transcontinentales, sont très largement insuffisantes. Ainsi, l’offre de capacité est adaptée au modèle « classique », fondé sur un service téléphonique international encore cher, malgré la baisse récente et régulière des tarifs.

Cette offre est à la fois insuffisante en volume et trop chère pour permettre le développement des nouveaux services (Internet et applications connexes), mais également consommatrice de capacité.

Les projets de connectivité haut débit en Afrique se multiplient

Par ailleurs, il n’existe pratiquement pas de sécurisation des acheminements, notamment pas de liaisons transcontinentales et les pays enclavés (ou sans accès aux câbles sous-marins) n’ont qu’une seule solution : les transmissions par satellite, à un prix beaucoup trop élevé (5000 à 6000 $ par Mbit/s par mois) pour espérer le développement d’offres grand public compétitives.

De plus, les opérateurs historiques sont, la plupart du temps, dans l’incapacité de réaliser, soit les investissements pour la création d’infrastructures, soit la gestion transparente et non discriminatoire des accès aux capacités en large bande. Leurs conflits d’intérêts, notamment la crainte d’être débordés par le trafic VoIP ou de favoriser leurs concurrents, les incitent à maintenir des coûts d’accès élevés aux capacités du câble sous-marin SAT3.

Enfin, la réglementation sectorielle est mal adaptée aux projets transfrontaliers, en raison de la nécessité d’obtenir des licences dans chacun des pays traversés.

De nombreux projets consortiaux de câbles sous-marins ont vu le jour et certains ont été, ou sont en passe, d’être mis en service dans les mois à venir : Eassy, Seacom, Teams, Flag en Afrique de l’Est, ACE, Glo1 et Wacs en Afrique de l’Ouest. Les dates de mises en service pour ces projets s’échelonnent de 2009 à 2011. De fait, depuis SAT3 en 2002, ces projets sont les premiers d’envergure à avoir une bonne chance d’aboutir, alors que le volume de communications a explosé dans l’intervalle et que les demandes des opérateurs sont nombreuses.

Face à la multiplication de ces projets de câbles sous-marins, souvent portés par des opérateurs extra-continentaux, les projets de connexion des pays africains côtiers se multiplient à l’inverse de ceux enclavés, qui restent limités. Pourtant, ces projets constituent le complément naturel des câbles sous-marins, permettant de désenclaver certains pays et ayant, de surcroît, l’avantage de favoriser tant les communications internationales que les communications régionales et nationales.

Haut débit en Afrique de l’ouest, orientale et australe

En Afrique de l’Ouest, l’interconnexion des pays sahéliens au SAT3 est en train de devenir une réalité, sept ans après la mise en service de SAT3, grâce à la création de liaisons fibre optique entre les pays de l’UEMOA. A son instar, en Afrique orientale et australe, la mise en œuvre du projet Eassy a été accompagnée par la définition de projets visant à y interconnecter les pays voisins enclavés. Il peut donc être espéré que ces pays bénéficieront d’une connectivité haut débit en Afrique peu après la pose du câble sous-marin.

Les problématiques soulevées par les pays du littoral de l’Afrique de l’Ouest, orientale ou australe, sont alors des problématiques relatives à l’accès, au financement et à la construction de stations d’atterrissement. Cependant, certains de ces Etats, parfois de taille moyenne, et qui peuvent, par ailleurs, s’inscrire dans un contexte post-conflit, sont souvent considérés comme n’étant pas attractifs en matière d’investissements massifs.

Par conséquent, ils peuvent être fortement ralentis dans leur intégration au sein de consortia privés constitués pour la mise en place de câbles sous-marins, la redevance d’accès à ces derniers pouvant constituer, de fait, une barrière à l’entrée.

Afin de pallier ces problématiques, la Banque Mondiale finance régulièrement des projets de développement d’infrastructures de communications électroniques et d’accès au haut débit en Afrique. Ainsi, en Afrique de l’Ouest, les projets de financement par la Banque Mondiale s’inscrivent dans la politique générale dite « West Africa Regional Communications Infrastructure Program », pour laquelle une enveloppe de 300 millions de dollars a été mise à disposition. Ces projets ont, notamment, pour objet de permettre aux Etats bénéficiaires d’obtenir leur « ticket d’entrée » au sein des consortia privés de câbles sous-marins, et ce, à un prix environ dix fois moindre que celui des liaisons par satellite, la moyenne constatée en Afrique de l’Ouest étant de 500 $ par Mbits/s par mois.

En effet, l’accès compétitif aux services de capacité via des câbles sous-marins permet incontestablement de développer des opportunités de croissance par l’abaissement des obstacles à la création d’emplois et d’amélioration de la production de biens et services, tout en augmentant la possibilité de commercer, de manière compétitive, avec le reste du monde. A ce titre, le câble sous-marin « Africa Coast to Europe » (« ACE ») constitue un exemple notoire de la politique de développement de l’accès aux câbles sous-marins mise en place par la Banque Mondiale. Récemment, en décembre 2010, la Sierra Leone, ainsi que le Libéria, se sont vus attribuer les financements nécessaires à leur entrée au sein du consortium ACE.

Pour sa part, la République de Guinée, ne bénéficiant jusqu’alors d’aucun accès à des services de capacité internationaux, s’est vue attribuer, fin juin 2011, le financement nécessaire (34 millions de dollars) pour l’atterrissage du câble ACE à Conakry.

Haut débit en Afrique centrale

De son côté, l’Afrique Centrale souffre de l’absence de connexion à SAT3 des pays enclavés ou des pays « oubliés » par le câble sous-marin, comme les deux Congo. Dans ce contexte, la Banque mondiale, ainsi que plusieurs autres institutions financières , telle que la banque africaine de développement, ont décidé de financer un projet régional complexe et ambitieux visant à établir et exploiter une dorsale en fibre optique en Afrique centrale (« Central African Backbone » ou « CAB »).

Cette dorsale devrait, de par son positionnement central, être en position de créer la clé de voûte d’un réseau câblé panafricain. Elle pourra, notamment, être connectée au réseau sous-marin de câbles en fibre optique sur la côte occidentale de l’Afrique (SAT 3), mais aussi à d’autres câbles, comme par exemple celui déployé par l’opérateur Nigérian Globacom. L’objectif de ce projet en Afrique centrale est de combler les liens manquants et, par voie de conséquence, de fournir les connexions de communications électroniques de base entre les pays participants et de veiller à ce que ces derniers soient reliés au reste du monde par leur réseau en fibre optique.

Première phase du Central African Backbone

Une première phase s’appuie sur la fibre optique posée tout au long de l’oléoduc connectant Komé au Tchad et Kribi au Cameroun, et consiste à interconnecter ces deux pays et la République Centrafrique (« RCA »). La deuxième phase portera sur l’extension du réseau aux autres pays de la Communauté Economique et Monétaire de l’ Afrique Centrale (CEMAC) et de la Communauté économique des États d’Afrique Centrale (CEEAC).

A ce titre, plusieurs commissions et comités ont été mis en place par les pays participant à la première phase du projet : Cameroun, Tchad et République Centrafrique. Les grands axes du projet ont été actés au niveau politique par les autorités impliquées dans la mise en œuvre du projet lors de la réunion ministérielle organisée à N’Djamena les 20 et 21 avril 2007 avec les Ministres des télécommunications du Cameroun, du Tchad et de la RCA, puis dans la déclaration des Chefs d’Etats de la Cemac du 25 avril 2007. Ainsi, à ce jour, les principes qui sous-tendent la mise en œuvre du projet CAB sont principalement :

  • un développement progressif du réseau CAB, qui sera construit en premier lieu au Tchad, en Centrafrique et au Cameroun, puis, dans une deuxième phase, sera étendu aux autres pays de la région ;
  • le déploiement et l’exploitation d’une dorsale dans le cadre d’un partenariat public privé, dans le respect du principe de l’accès ouvert du réseau CAB international à l’ensemble des opérateurs.

Deuxième phase du Central African Backbone

Suite au communiqué final de la réunion des Ministres de la Cemac en charge des télécommunications, réunis à Brazzaville en novembre 2008, annonçant le passage à la deuxième phase (CAB2), la République du Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale ainsi que la République Démocratique du Congo ont formulé auprès de la Banque mondiale, ainsi que de la Banque Africaine de Développement, des requêtes de financement pour la composante nationale du projet de réseau à fibre optique de l’Afrique Centrale.

Retour en haut