Une agence de l’innovation de défense orientée IA

agence de l’innovation de défense

Grâce à l’ agence de l’innovation de défense, l’intelligence artificielle est désormais au cœur de la recherche et du développement en matière de défense.

Une agence de l’innovation de défense tournée vers l’intelligence artificielle

Lors d’un discours du 16 mars 2018, la ministre des Armées a annoncé la création d’une agence de l’innovation de défense au sein du ministère des Armées (1).

Cette nouvelle agence, tournée vers l’intelligence artificielle, sera dotée d’un budget de 100 millions d’euros par an (2). Elle «devra inventer de nouveaux modes d’interventions du ministère, de nouveaux outils, notamment pour favoriser les expérimentations rapides» et complètera les nouveaux dispositifs tels que Def’Invest, fonds de capital risque dans les PME de défense et le Defense Lab, nouveau hub de l’innovation de défense, tourné vers les start ups.

La ministre a rappelé que l’innovation constitue l’un des axes majeurs du projet de loi de programmation militaire 2019-2025.

Cette annonce de la création d’une agence de l’innovation de défense est intervenue à l’occasion du lancement d’un plan d’étude amont MMT (« Man Machine Teaming »), pour le développement des technologies d’intelligence artificielle dans le domaine de l’aviation de combat, confiée par la Direction générale de l’Armement (DGA) à Dassault Aviation et Thales. Seront associées à ce plan d’étude des start-up, PME, laboratoires et centres de recherche français spécialisés dans l’intelligence artificielle, la robotique et les nouvelles interfaces homme machine.

Intelligence artificielle et défense

La ministre a rappelé les questions notamment éthiques posées par l’intelligence artificielle dans le domaine de la défense et affirmé une position plaçant toujours l’homme au cœur du système décisionnel, affirmant que «la France ne laissera pas émerger des robots tueurs».

En effet, les applications l’intelligence artificielle liées à la défense sont multiples et se situent notamment dans le domaine de la robotique de soutien, l’appui aux opérations, la modélisation et la simulation du comportement des entités sur le terrain, les capteurs intelligents et le traitement des données ainsi recueillies (3).

La ministre a également indiqué que «les systèmes respecteront les conventions internationales sur le droit de la guerre». On peut citer à cet égard l’article 36 du protocole additionnel 1 de 1977 de la convention de Genève de 1949 qui exige que les États soumettent à un examen de licéité les nouvelles armes, moyens et méthodes de guerre.

Le rôle clé des nouvelles interfaces homme machine

Cette nécessité de conserver le rôle central de l’homme dans les systèmes de défense implique la nécessité de disposer d’interfaces homme machine performantes et innovantes, embarquables et capables de retransmettre des informations pertinentes aux soldats et au commandement.

Par exemple, dans le domaine de l’aéronautique de combat, les avions Rafale sont déjà dotés d’interfaces homme machine impliquant la fusion des données issues de multiples capteurs, afin de permettre au pilote de percevoir l’environnement tactique.

La forme la plus poussée de ces nouvelles interfaces et sans conteste l’interface neuronale. Ainsi, l’agence américaine pour les projets de recherche avancée de défense (DARPA) finance une multitude de projets dans le domaine des interfaces neuronales, et a lancé en janvier 2016 le programme NESD (Neural Engineering System Design) visant à développer une interface neuronale implantable miniaturisée extrêmement performante.

En France, parmi les domaines de recherches évoqués dans le projet MMT, les interfaces homme machine, et notamment cerveau machine, figurent en bonne place, des casques EEG (électroencéphalographiques) sont notamment évoqués.

Toutefois, le développement de ces nouvelles interfaces pose des questions éthiques et juridiques sur lesquelles la réflexion mérite d’être poursuivie.

Benoit de Roquefeuil
Katharina Berbett
Lexing Contentieux informatique

(1) Discours de Madame Florence Parly, ministre des Armées, sur son plan en faveur de l’intelligence artificielle, axe d’innovation majeur du ministère des Armées, 16 mars 2018
(2) Ministère des Armées, communiqué, 16 mars 2018
(3) Conférence des Grandes Ecoles, Actualités, Un regard (décalé ?) sur Intelligence Artificielle et Défense/Sécurité

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