Archive interview JT 24

Interview

Dr Jean-Yves Robin,

Président de Uni-médecine SA

L’hébergement de données de santé : une pratique nécessaire et désormais encadrée

Qu’est-ce qui conduit les professionnels de santé à faire héberger leurs données ?

La spécialisation des métiers de la santé et leur technicité croissante d’une part et la forte poussée des maladie chroniques associée au prolongement de la vie d’autre part, font que les malades sont de plus en plus suivies de façon pluridisciplinaire par un nombre croissant d’acteurs. Un patient diabétique aujourd’hui, doit voir régulièrement son médecin généraliste mais aussi un cardiologue, un ophtalmologue, un neurologue, un podologue, une diététicienne etc. Pour promouvoir une démarche qualité en médecine, les pouvoirs publics incitent les professionnels de santé à coordonner leur action afin de soigner mieux et si possible, au juste coût. Cette coordination des soins passe par le partage du dossier patient entre professionnels afin de ne pas réitérer inutilement des examens ou ne pas ignorer un diagnostic porté par un collègue. Dès lors que la médecine ne se résume plus au dialogue singulier entre le médecin et « son » patient, le dossier médical ne peut plus se résumer à une fiche cartonnée conservée dans le cabinet du médecin traitant. L’hébergement des données de santé en un lieu qui les rend disponibles dans des conditions rigoureuses de sécurité devient donc un élément majeur de la modernisation du système de soins.

Quelle est l’importance du projet de décret sur les pratiques en cours ?

Nous sommes spécialisés dans la mise en place des systèmes d’information de santé, ce qui passe par la mise à disposition de solution d’hébergement de dossiers de santé. Nous hébergeons donc déjà des dossiers de santé dans des conditions telles qu’elles sont préconisées dans le projet de décret. La parution du texte n’aura pas, du point de vue pratique ou technique, d’incidence sensible sur notre activité. De ce point de vue, son impact est donc relatif. Mais ce texte me semble majeur à d’autres titres. Tout d’abord, il clarifie notre activité sur un plan juridique. On s’est longuement interrogé sur le rôle de l’état en la matière et sur la responsabilité des différents acteurs. Il existe sur ce sujet, comme sur beaucoup d’autres en France, les tenants du « tout Etat » partisans d’un grand système d’information de santé national, concession unique de service public, et les partisans du libéralisme. La voie choisie (et que ce projet de décret incarne) est celle de la voie du marché privé encadré par l’état. Les responsabilités sont clarifiées et ce projet de décret, en complément de la loi sur le droit des malades de mars 2002 posent les bases juridiques de cette activité nouvelle. Demain, chaque citoyen pourra, de son libre choix, faire héberger ses données de santé auprès d’une société pour laquelle l’état aura contrôlé au préalable, le sérieux et son respect de l’état de l’art en terme notamment de sécurité. C’est donc une avancée sur le plan juridique, économique et bien sûr, sur le plan de la santé publique en ne perdant jamais de vue la finalité du dispositif : mieux soigner.

(*) Uni-médecine SA est leader en France de l’e-dossier médical tenu par les professionnels de santé.

Interview réalisée par Isabelle Pottier

isabelle-pottier@alain-bensoussan.com

Paru dans la JTIT n°24/2004 p.10

 

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