La neutralité du web menacée par le futur traité de l’ONU

neutralité du web Alain Bensoussan interviewé par 20 Minutes aborde les menaces qui pèsent sur la neutralité du web (1) à l’heure où l’ONU donne son feu vert à un projet de traité international de lutte contre la cybercriminalité.

La neutralité du web menacée par la lutte contre la cybercriminalité

L’Assemblée générale de l’ONU a adopté une résolution controversée prévoyant la rédaction d’un traité international sur la « Lutte contre l’utilisation des technologies de l’information et des communications à des fins criminelles » à l’horizon 2020 (2).

Un bon moyen, s’il est correctement appliqué, de réguler Internet face à la cybercriminalité et par exemple, les outils de manipulation de masse », explique à 20 Minutes l’avocat Alain Bensoussan.

La résolution a été approuvée par l’organe mondial de 193 membres par 79 voix contre 60 et 33 abstentions. Elle pourrait restreindre l’utilisation d’internet et la liberté d’expression sur les réseaux sociaux.

Lutter contre les outils de manipulation de masse sans censurer

Le futur traité international de l’ONU risque de facilité la censure sur Internet par certains gouvernements.

Cette convention est une expérience qui marche bien à son échelle puisqu’elle permet de réguler un Internet libre. Cela ne paraît pas idiot de s’en servir comme base et de l’étendre à l’international en incluant d’autres infractions », souligne Alain Bensoussan.

En disant cela, il pense tout particulièrement à la lutte contre les outils de manipulation tels les fakes news (3) :

Aujourd’hui, ils se multiplient et peuvent influer sur l’opinion. Ils sont de plus en plus faciles à utiliser et ont de plus en plus de portée ». 

Mais les dérives ne sont pas loin. Ce futur traité international de l’ONU risque de faciliter la censure sur Internet par certains gouvernements :

Il ne faut pas un système de censure, mais de régulation qui défende les valeurs de la France et l’Europe, avertit Alain Bensoussan. Les grands principes de notre siècle sont la liberté, la sécurité et la dignité. Je ne pense pas qu’il faille les opposer, mais plutôt trouver un centre de gravité entre les trois. » Selon lui, ce n’est pas tant le traité qui risque d’être problématique, mais surtout son application.

et de souligner qu’un texte n’a pas la même portée ou la même interprétation selon les institutions.

Selon Alain Bensoussan, « Il faudra des régulateurs et même un tribunal international de l’Internet pour surveiller et condamner les pays qui détourneraient le texte pour censurer ou entraver la liberté d’expression d’opposants ».

Isabelle Pottier
Avocat, Lexing Alain Bensoussan Avocats
Directeur du département Etudes et publications

(1) Interview réalisée par Marie De Fournas, publiée sur 20minutes.fr le 30 décembre 2019.
(2) Résolution A/C.3/74/L.11/Rev.1, adoptée le 27 décembre 2019.
(3) Voir le post du 19 décembre 2019.

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