Plateformes juridiques : quelle place pour les avocats ?

plateformes juridiquesDans la Quotidienne des Editions Francis Lefebvre, Alain Bensoussan a été interviewé sur les plateformes juridiques.

Résolument optimiste quant à l’avenir de sa profession, il détaille dans cet entretien les perspectives qui s’offrent aux juristes. Ceux-ci devront, à ses yeux, se former sans attendre au langage informatique.

Les plateformes juridiques réunissent le traitement automatisé de données et la production d’algorithmes.

Elles arrivent en France 10 ans après les Etats-Unis. Il s’agit pour Alain Bensoussan de « copies sans créativité particulière par rapport à leurs antécédents américains.

Il juge l’innovation « très forte par rapport au marché français, assez faible par rapport au marché anglo-saxon ». Selon lui, elles vont indéniablement réussir en Europe et en France.

Plateformes juridiques: comment les avocats vont-ils pouvoir résister ?

« Des cabinets d’avocat se lancent » répond Alain Bensoussan. « Ainsi, pour répondre aux besoins spécifiques des correspondants informatique et libertés (CIL) et des data protection officers (DPO) des entreprises, un département de notre cabinet a développé une plateforme, Lexing Tech, bibliothèque d’outils juridiques disponibles en mode SaaS ».

Par ailleurs, il restera toujours pour l’avocat une place pour le conseil stratégique et le contentieux. « Sur ces deux segments de marché, l’intervention humaine est majeure. Elle sera attaquée par l’IA et par l’algorithmique comme c’est déjà le cas pour d’autres activités. Watson est un robot qui, ayant battu les meilleurs joueurs au Jeopardy, est aujourd’hui introduit dans le domaine de la santé et du diagnostic de cancers. Là où les professeurs de médecine se trompent une fois sur deux, il se trompe seulement une fois sur dix … ».

Quelle est la vision d’Alain Bensoussan à 10 ans des plateformes juridiques en ligne ? « A cinq ans, les plateformes juridiques seront dominantes. Les start-up actuelles auront amélioré la qualité de leurs contenus. Elles les auront agrégés et mettront de l’IA dans ce big data. Le développement des applications risque de réduire le conseil et le contentieux. A dix ans, la médiation augmentera de manière significative sur le marché du droit. Par conséquent, les avocats se concentreront sur le très haut conseil stratégique et le contentieux haut de gamme, les dossiers d’une grande complexité, sur lesquels ils ne seront pas remplacés par des robots logiciels ».

Plateformes juridiques : comment les avocats peuvent-ils s’adapter ?

La seule solution aux yeux d’Alain Bensoussan ? Qu’ils aient « leurs propres plateformes, avec des contrats réservés à telle ou telle entreprise. Il faut appréhender le métier en plateforme ».

Et de conclure à l’attention de ses confrères: « Le grand métier de demain, c’est le nôtre (…). A l’avenir, le nouveau guide sera l’avocat qui doit prendre en compte la technologie pour développer sa capacité d’accompagnement (…). Le besoin juridique sera de plus en plus important. Les avocats ont tout pour réussir à l’avenir, à condition de saisir les opportunités technologiques puisque l’IA, bien plus compliquée, arrive aussi dans le monde du droit. Dans dix ans, on peut penser qu’on n’embauchera plus de juristes qui ne sachent pas coder. Les avocats doivent impérativement se former ».

Eric Bonnet
Directeur du département Communication juridique

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